Exploration sociale et vie d'un papa étranger au Japon.
15 Janvier 2020
Je vais parler ici d'un autre aspect de l’éducation qui là, aborde la problématique de développer les compétences en français de nos petit(e)s.
Conscient qu’il existe pléthore de situation, j’aborderai ici celle qui me concerne, à savoir le cas d’un environnement où une structure externe d’éducation française n’est pas accessible. Nous sommes sans doute un nombre limité de français concernés par ce problème et même s’il existe toujours des solutions ou des alternatives, pouvant apporter une certaine dose de soutien, il reste très difficile de maintenir un niveau suffisamment élevé de français pour nos enfants sans y mettre du nôtre.
Il est également important de rappeler l’évidence que chaque enfant est différent, et sa volonté, sa patience pour apprendre le français, aura un impact considérable sur sa capacité à l’assimiler.
De cette constatation vient le besoin de se poser la question suivante : pourquoi lui apprendre le français ?
Réponse évidente : « mon enfant est français, il se doit d’apprendre la langue de son père / sa mère ». C’est ce qui nous vient immédiatement à l’esprit.
Mais également : « mon enfant est issu de deux cultures, il serait bien dommage qu’il ne bénéficie pas de ces deux richesses. Il serait donc préférable qu’il apprenne également le français ». Evidence, richesse culturelle et intellectuelle sont des raisons valables.
Enfin : « Il doit apprendre le français pour pouvoir communiquer avec sa famille de France ».
Voici l’essentiel des raisons qui nous viennent à l’esprit quand nous commençons à nous investir dans l’enseignement du français ; Mais vous constaterez que ces raisons ne prennent absolument pas en compte la perception de l’enfant quant au besoin de cet apprentissage. Dans mon expérience personnelle, ma fille ainée posait la question : « A quoi me sert le français quand mon école est en japonais et mes devoirs en japonais et que la seule personne française dans le foyer comprend le japonais ?».
Qui n’a pas été confronté à cette situation ?
La question est légitime et faire valoir les arguments précités plus haut n’apporte aucune solution car ils échouent à donner à l’enfant une accroche, une raison valable à ses yeux pour apprendre le français. C’est en tout cas l’observation que j’ai pu faire et qui m’a donné beaucoup de fil à retordre, d’autant plus que se braquer ou serrer la vis disciplinaire ne fait qu’empirer les choses et risque de reléguer le français à une corvée qui perdrait alors de son adhésion. Ainsi, hormis les rares occasions par lesquelles les enfants peuvent être baignés dans un environnement français, en allant en France et entourés de leur famille française (occasion qui se raréfie au vu du coût de l’entreprise pas toujours accessible pour un retour annuel), une stratégie locale doit être mise en place qui nécessite aussi que vous donniez de votre temps durant les vacances et les weekends.
A ce jour, pendant que ces lignes sont écrites, le niveau de français de mes trois enfants est le suivant :
Il y a 3 ans le niveau était ainsi :
A partir d’ici, je distinguerai deux périodes et éventail de méthodes :
Dans les premières années de 1 à 4 ans, les méthodes conventionnelles consistant à lire des histoires, faire répéter l’abécédaire, reconnaître les lettres, désigner des mots par les images etc… sont tout à fait valables et essentielles à la construction d’une base.
Je pourrais citer les livres de T’choupi, l’abécédaire du Petit Ours Brun pour les lectures et pléthore d’autres ouvrages bien connus qui sont accessibles via n’importe quel site d’E-commerce.
Outre le livre, de nos jours youtube est accessible gratuitement via la télé, et l’écoute est un élément important de l’apprentissage ; confronter l’enfant à des voix, des prononciations différentes, enrichit sa capacité à comprendre la langue. Voyez-vous même lorsque vous apprenez une langue étrangère : souvent on apprend d’abord via l’écoute et la pratique orale, suivi de l’écrit généralement bien sûr ; c’est ainsi que nous avons également appris notre langue maternelle quand nous étions enfant, pensez-y ! On fait souvent l’erreur de croire que le livre est la clé de l’apprentissage alors que c’est la stimulation orale qui prime à cet âge-là !
Pour le côté plus académique, on pourra se référer à la méthode BOSCHER ou La Journée des Tout Petits qui donne une base solide pour les prononciations des différentes formules et des bases d’écriture.
Ici rien d’extraordinaire, mais le cerveau des petits à cet âge-là est une véritable éponge et le partage de nouvelles connaissances et son désir de répéter, reproduire ce que font et disent ses parents, rendent l’apprentissage propice à de telles pratiques.
Une fois entré en maternelle, l’enfant se concentre davantage sur le japonais et les acquis français risquent une rapide mise au placard s’ils ne sont pas entretenus ; bien souvent ce phénomène se matérialise très rapidement. On notera également que l’enfant perd de son intérêt à être mis dans un environnement « d’apprentissage » car il l’est déjà à l’école maternelle. Cette perte d’intérêt est souvent exacerbée dès son entrée à l’école élémentaire.
Encore une fois, je parle de mon expérience personnelle et de celle d’autres parents que j’ai pu observer, dont beaucoup ont leurs enfants qui ne parlent plus le français. Il ne s’agit aucunement de généralité, vous êtes d’ailleurs encouragés à partager votre expérience dans les commentaires !
A partir de la phase d’entrée à l’école élémentaire, il m’a fallu trouver une alternative pour renouveler l’intérêt du français à mes enfants. Pour y parvenir, il devait se délester de sa carapace « apprentissage scolaire » afin de revêtir une forme plus émulante en la plaçant dans un environnement ludique ; en d’autres termes, apprendre le français via le jeu ; un aspect que je développerai dans une deuxième partie.