Exploration sociale et vie d'un papa étranger au Japon.
14 Octobre 2019
Si beaucoup des français du Japon ont généralement l’éducation de leurs enfants binationaux couverts par une institution francophone, il y a bien évidemment les autres, ceux qui vivent en dehors d’un espace géographique accessible et qui ont recours au système japonais.
Mes trois enfants sont, comme vous le savez, franco-japonais. L’école française la plus proche et abordable se trouvant à plus de deux heures et demi de train, c'est sans dire qu’ils iraient a l’école japonaise. Bien que ma femme aurait préféré les voir aller à l’école francaise, en ce qui me concerne, vivant au Japon il me paraissait plus approprié qu’ils aillent dans une école japonaise pour les raisons suivantes:
Connaître la culture au Japon, c’est comprendre l’esprit de groupe, comprendre ce qui définit ce standard que l’on retrouve en société, dans les entreprises, les occasions où l’on donne de son temps et de son énergie pour le groupe. C’est là, je pense, le fondement de la société japonaise telle que nous l’expérimentons et qui peut être extrêmement déroutante pour un occidental.
Mon éducation, comme beaucoup de francais, m’a toujours parue centrer davantage sur l’individu et non le groupe, ce qui est une spécificité occidentale. Il ne s’agit pas ici de dire que l’un est meilleur que l’autre mais que l’un et l’autre ont leurs qualités et défauts propres qu’il appartiendra à chacun d’apprécier en fonction de leur propre expérience. (Vous êtes libre de contribuer et d’apporter votre propre expérience dans les commentaires).
Voici d’abord un aperçu du cursus classique de l’enseignement primaire et secondaire:
Il n’existe pas actuellement de baccalauréat, le passage de l’école élémentaire au collège se fait automatiquement, les redoublements sont inexistants.
C’est à partir du collège que la pression monte: l’objectif du collège est de préparer au concours d’entrée du lycée, qui sera par la suite déterminant pour le choix de l’université.
Selon les préfectures, à compter de la première ou de la deuxième année du collège, chaque élève obtient une évaluation secrète en continu par le professeur, le « naishinten » ou score secret qui déterminera le rang de l’élève à la fin de sa scolarité au collège. Plus le score final est haut, plus les chances d’entrer dans le lyceé qu’il convoite seront fortes.
Mais dans quel cas peut on utiliser véritablement ce score attendu qu’il y a un concours d’entrée qui, après tout, se veut être le même pour chaque élève et ainsi donner les mêmes chances à tous ?
Supposons que deux élèves obtiennent un score de 100%. Etant à égalité, le lycée se réfèrera - pas exclusivement ceci dit, des entretiens ayant lieu- au naishinten de chacun des élèves pour les aider à choisir qui sera accepté. Chaque lycée également a ses propres critères de sélection: certains voudront des littéraires, des matheux, des créatifs etc.
C’est pourquoi faire tout pour que son enfant obtienne le plus haut « naishinten » peut devenir une véritable obsession chez les mamans et pour certaines la perspective de trois longues années de stress intense.
C’est à la période du collège généralement que l’on a recours aux cours du soir :les jukku (塾). Le concept du jukku est de donner à l’élève des outils et des méthodes de travail afin d’être mieux préparé au concours d’entrée du lycée, mais aussi lui permettre d’obtenir bien entendu de meilleurs résultats generaux tout au long de sa scolarité. Il n’est pas rare dans un établissement que tous les élèves dans un college aillent aux cours du soir également, souvent en raison de l’insuffisance de l’enseignement dispensé au collège seul. Une analogie valable pourrait être les cours en faculté d’amphithéâtre (cours de collège classique) approfondis par des classes de travaux dirigés (cours du soir) - oui même si je sais qu’en faculté souvent cela ne suffit pas, et il y a alors un troisième niveau avec des cours privés.
Une grande question a souvent taraudé beaucoup d’étrangers dont les enfants sont scolarisés au Japon et qui crée beaucoup d’incompréhension avec leurs conjoint(e)s japonais(e)s: faut il absolument mettre son enfant aux cours du soir ?
Malheureusement il n’y a pas qu’une seule réponse car cela dépend de nombreux facteurs parmi lesquels:
Autre question qui revient souvent: faut il mettre mon enfant au jukku pendant un an, deux ans, trois ans ?
Là aussi tout dépend de beaucoup de facteurs mais pour vous donner une idée, bien souvent une à deux années de jukku suffisent amplement. Vous verrez également des enfants y rester les 3 années du collège, souvent une facon superstitieuse pour les parents de se donner bonne conscience, mais aussi parfois le plaisir qu’a l’enfant d’aller au cours du soir, car les professeurs de jukku sont plus attentifs et proches de leurs élèves.
Il n’y a pas de règles et il est impossible de généraliser, les cas cités plus hauts ne comptent que parmi ceux que je connais, et par extension ceux qu’on entend de groupes de parents du même établissement.